01 - Tintin au Congo


C'est la deuxième aventure de Tintin, mais je n'ai jamais lu son aventure chez les soviets. C'est donc ma première.
Tintin est un reporter connu, son départ d'Europe, comme son arrivée en Afrique ne passent pas inaperçues. Benoit Peeters dans Le monde d'Hergé, livre de base indispensable pour les amateurs d'Hergé, indique que ce livre est une commande, qui ne l'enthousiasma pas.
L'histoire commença sa parution en juin 1930, mais la version que l'on connait est celle remaniée (on passe de 110 pages aux 62 de la collection actuelle), redessinée et colorisée, en 1946, avec Jacobs et les débuts de son atelier.
Alors bien sûr, on repproche à Hergé le racisme, en fait son adhésion au colonialisme, plus ou moins latent dans ce livre. Chose que l'on pourrait repprocher à une grande majorité des européens de l'époque. Ces scènes :


sont malheureuses. Hergé reconnaissait qu'il était nourri des préjugés du milieu bourgeois dans lequel il vivait. Qu'il ne connaissait de ce pays que ce que les gens en racontaient à l'époque. Je ne ferais pas le procès d'Hergé, ce livre est daté, et s'inscrit dans l'histoire d'une certaine pensée passée.Hergé est coatché par un abbé (Walez), le curé a une place prépondérante dans l'histoire : déjà, il sauve Tintin. Et puis, il invite Tintin dans l'Afrique de demain, celui "civilisé"...

Hergé utilise les déguisements à tout bout de champs dans ses histoires : ça commence ici avec un déguisement grotesque. Tintin tue un singe, enfile sa peau pour récupérer Milou. Plus tard, pour approcher les girafes, il se fabriquera un déguisement au long cou. Le sorcier se déguise en Léopard pour tuer Tintin, le bandit en curé pour le jeter à l'eau. Mais Tintin se grime en lui pour confondre le mafieux du coin.


Hergé illustrateur :Les suspens en bas de page ne sont pas très nombreux, 14 révèlent des fins d'action, et 10 nous laissent à bout de souffle.
Hergé glisse un insert, en forme de loupe.
Il y a environ 11 cases par page, mais la forme la plus fréquente est 4 strips de 3 cases. Les extrêmes vont de 4 (la chasse à l'éléphant) à 13.
Hergé dessine 2 grandes cases (p35 et 39), et la dernière case occupe toute la page.
Hergé utilise quelques cases informatives : une feuille, une lettre, des journaux. Soit 3 images.


Les personnages :
les amis : Les Dupontd sont là, mais juste témoins du départ, et ne connaissent pas Tintin. Coco et le père ont des rôles très superficiels. Les pigmés semblent être des sauvages, mais grâce à Milou, sont de bons alliés.
les ennemis : le passager clandestin voue une haine étrange à Tintin, un peu irraisonnée, qui le détourne de ses plans. Tintin devient son ennemi par erreur, sans raison. Il s'associe avec le sorcier, qui est son ennemi naturel : il a peur de cet inconnu qui apporte la science, et prend de l'ascendance sur ses ouailles.
Milou et Tintin : Sur les 662 cases de l'album, on retrouve Tintin sur 75% d'entre elles, et Milou sur 61%. Mais la pluspart du temps où il n'est pas là, c'est juste une question de cadrage. Milou fait beaucoup de commentaires inutiles et pénibles. Parce que Milou est un peu humain : il parle à Tintin (42 fois sur ses 407 présences) qui lui parle 42 fois aussi, comme à un chien et parfois comme à un ami. Les dialogues sont fréquents, et rendent Milou insaisissable :


Milou parle dans sa tête (75 fois), nous parle aussi (5 fois), pour nous prendre à témoin. Il parle 8 fois à d'autres personnes, 6 fois à d'autres animaux, et 2 fois à des africains. Il aboie 18 fois, lorsqu'il a peur (6), lorsqu'il souffre (5), et quand il fait le bon chien-chien (7). Mais globalement, Milou est muet (63% de son temps de présence).
Les animaux : L'album ne révèle rien. Rien n'entraine Tintin vers l'aventure, que le bateau initial. Les actions sont causées par les animaux : perroquet, poisson-torpille, requin, moustiques, crocodile, singe, gazelle, singe, lion, serpent, croco, boa, léopard, éléphant, singe, hippopotame, croco, léopard, rhino, buffles !!! Les animaux sont le fil conducteur du livre, jouent le 2nd rôle de l'histoire, des prétextes aux mouvements de Tintin. Il est d'ailleurs là pour ramener des cartes postales, des clichés (Hergé ne connait pas l'Afrique). La lecture du livre donne vraiment cette impression de scènes collées les unes aux autres, le récit n'est pas fluide.


L'amitié :
Tintin est avec Milou.
Coco est juste un guide, qu'on regarde avec condescendance. Il est peureux, très effacé. Le curé est une sorte de père. Celui-ci appelle Tintin "mon ami", comme il appelle ses élèves.
Le bandit appelle Tintin son ami, pour lui signifier qu'il ne l'est pas. Et Hergé utilise souvent cette formule de style.


La famille :
Le curé est une sorte de père. Vieux sage barbu, dieu ?, qui sauve la vie de Tintin à deux reprises.
Aucune famille n'est évoquée, à part peut être le couple, dont Tintin soigne à la quinine le chef de famille.


La durée :
L'histoire se déroule sur 46 jours, mais l'action est regroupée sur une dizaine de jours.
La dernière case est un épilogue, que je n'ai pas situé dans l'aventure.


Les voyages :
Tintin fait 12400 km, et 4700 km hors champs (une fois l'album fermé, pour rentrer en Belgique).


Science et magie :
L'épisode de la quinine est un bon exemple du conflit entre science et magie. Le sorcier, sorte de gardien des traditions, est mis en danger par Tintin, qui déboule, porteur d'une science qu'il ne maitrise pas dans un continent qu'il ne connait pas.
On découvre cependant que le fétiche, dont Tintin est accusé du vol, est maltraité par le sorcier et le bandit (ivres morts).


Les rêves et la folie :
Pas de rêves, que de la normalité terrienne.



La mort et la maladie :
Milou a des malheurs : sa queue prend des coups ! Le perroquet, puis la porte !! Il manque de se noyer, Tintin lui fait de la respiration artificielle. Ouf, on respire.
Tintin soigne un noir avec de la quinine, qui aussitôt debout, part à la chasse.

L'alcoolisme est présent en filigranne, sur écran : Tintin a filmé la beuvrie du sorcier et du bandit. Ivres, ils profannent le fétiche d'un coup de hache !

Le méchant meurt, presque sous nos yeux, à coté de Tintin, mangé par des crocos ! Pourtant, dans les BD pour la jeunesse, personne ne meurt. Je me risque à une comparaison idiote : dans les tuniques bleues, c'est la guerre, et personne ne meurt ! Cauvin, c'est quand même de la m***e.
Coté morts, Tintin est un bon fournisseur : au moins 11 gazelles pour le prix d'une, un singe, un rhino, un buffle. L'éléphant, il le rate (Milou détourne le regard, excédé de ce massacre), mais est tué par son fusil quand même.


Les références :
dans cette BD :

Sur cette case, absente de l'édition originale, on retrouve les Dupondt (qui ne débutent leur carrière que dans les cigares du Pharaon), Van Melkebeke (qu'on retrouvera plus tard dans Le secret de la Licorne et Les 7 boules de cristal), Hergé et Jacobs. Et Quick et Flupke, qui, eux, sont sur l'édition originale.
à cette BD :



Liens
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sur
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de l'info sur wiki
Les trains